[Enquête] Face au défi de l’eau : changeons les règles du jeu
La quantité d’eau présente sur la Terre est la même depuis plus de 4 milliards d’années. Partant de ce constat, la gestion de l’eau s’est faite de manière insouciante. À grands coups de pollution, d’irrigation abusive, d’accaparement de l’industrie en général et de l’impact du réchauffement climatique, l’eau potable s’est raréfiée. Alors quel a été le réflexe ? Puiser toujours plus profond dans les nappes phréatiques. À force de jouer avec l’eau, on se brûle. Une étude de l’université de Séoul, publiée le 15 juin dans Geophysical Research Letters, montre que ces pompages massifs ont entraîné un déplacement de l’axe de rotation de la Terre de 80 centimètres vers l’est, entre 1993 et 2010. Une alerte de plus.
L’électrochoc de la sécheresse de l’été dernier
Durant l’été 2022, la sécheresse fut particulièrement soutenue. À tel point que plus de 2 000 communes ont manqué d’eau potable. Plus d’eau au robinet. Des ravitaillements par camions-citernes et en packs d’eau pour pallier des nappes phréatiques à sec. Un électrochoc pour beaucoup. Cette sécheresse a mis en lumière que tous les secteurs d’activité sont ou seront impactés, à court ou moyen terme.
En réaction, l’industrie et les énergéticiens ont déjà été invités par le gouvernement à revoir à la baisse leurs consommations, qui représentent 20 % des prélèvements dans la ressource disponible.
Les propriétaires des 3 200 000 piscines privées que compte l’Hexagone, un record européen, vont se voir imposer des baisses de consommation. Certaines collectivités du sud de la France ont déjà annoncé qu’elles n’autoriseraient plus la construction de nouveaux bassins. La tension monte aussi autour de l’arrosage des golfs et d’autres équipements sportifs, décriés par les écologistes.
Le secteur qui va être le plus brutalement touché économiquement sera celui des loisirs nautiques, florissant l’été dans tout le sud de la France, doté de grandes bases touristiques (baignades, canyoning…). La pêche de loisir, qui compte plusieurs millions d’aficionados, n’est pas épargnée par la baisse du niveau d’eau des rivières et les températures trop élevées qui mettent à mal la population piscicole. Avec la disparition accélérée des ressources des glaciers, à terme c’est toute l’industrie de la neige et du ski qui va devoir engager une mue radicale, dont les enjeux économiques et sociaux sont colossaux, avec des dizaines de milliers d’emplois concernés, surtout dans les Alpes. La France, première destination touristique mondiale, va donc devoir déployer une stratégie d’adaptation sans précédent. Cela se fera non sans peine, estime Samuel Morin, chercheur au Centre national de recherches météorologiques (CNRM) : « Cela demande beaucoup d’échanges et de compréhension mutuelle entre les collectifs qui veulent défendre l’environnement et les acteurs plus proactifs sur le développement touristique. » Pas gagné. Et ce n’est pas la dissolution des Soulèvements de la Terre qui va résoudre le problème.
Cette mue est pourtant impérative. Avec des hausses de plusieurs degrés par rapport aux moyennes habituelles, la sécheresse de 2022 risque de devenir coutumière. Un effet domino s’annonce avec l’impact de ce réchauffement sur le débit du Rhône, crucial puisqu’il assure le refroidissement de plusieurs centrales nucléaires.
Notre enquête nous mène face à cet immense défi – mêlant accaparement, pollution, érosion… – mais rappelle que des solutions existent. Appliquer les réglementations serait un bon début. Tous les signaux sont au rouge : il est plus que temps de changer les règles du jeu.
Enquête complète à découvrir dans le numéro 4 de La Brèche !