Trump touche le fond… marin
Aller à l’encontre de l’avis général n’est pas un problème pour Donald Trump. Ce n’est donc pas une véritable surprise de le voir signer, le 24 avril 2025, un décret autorisant l’exploitation minière des fonds marins. Il prend ainsi de court la communauté internationale qui planchait sur des règles pour encadrer cette nouvelle industrie. L’enjeu ? Aller chercher les nodules polymétalliques qui pourraient répondre aux besoins internationaux en batteries. Ces petites boules noires, riches en manganèse, nickel, cobalt, cuivre et autres minerais, que des entreprises voudraient récupérer à quelque 6 000 mètres de fond, pourraient rapporter gros (voir La Brèche no 2, mars-avril 2023). Une exploitation qui pourrait avoir des effets catastrophiques sur l’écosystème fragile des abysses, sanctuaire écologique indispensable au bon fonctionnement des océans.
Plus fort encore, le président états-unien autorise le minage en eaux profondes dans l’espace maritime des États-Unis mais également dans les eaux internationales. Une violation et une remise en cause inquiétante du multilatéralisme en droit international de la mer, comme le dénonce l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), organisation de l’ONU réunissant 168 États membres, qui négocie depuis plus de 10 ans la mise en œuvre d’un « code minier » des fonds marins. Par voie de communiqué (30 avril 2025), l’AIFM critique vivement ce décret et confie ses inquiétudes, se disant surprise puisque « les États-Unis ont été un observateur fiable, depuis plus de 30 ans ». Comme quoi, Donald Trump arrive encore à surprendre.
La Suisse navigue en eaux profondes
L’entreprise américaine The Metals Compagny est une des rares à pouvoir se lancer rapidement dans cette extraction qui coûterait très cher. Les sociétés minières préfèrent pour l’instant se focaliser sur les métaux à récupérer sur la terre ferme, bien plus accessibles financièrement. Autre espoir pour la préservation des abysses, The Metals Compagny utilise des bateaux affrétés par Allseas, une entreprise helvète. La Suisse étant opposée au minage en eaux profondes, la pression est mise sur cette société dont le porte-parole rappelle sobrement « qu’il n’y a aucun moratoire en vigueur » (« L’entreprise fribourgeoise Allseas confirme son intention de se lancer dans le forage sous-marin », La Liberté, 6 mai 2025). Elle dit en substance respecter les règles, puisqu’il n’y en a pas. Un argument digne d’un Donald Trump chez les Helvètes. Drill baby, drill!