Nicolas Conquer, l’agent cosmétique de Trump dans l’Hexagone

Pourquoi diable consacrer les lignes de cette rubrique à Nicolas Conquer ? Parce qu’il le vaut bien semble un slogan tout à fait approprié à ce Franco-Américain, ancien cadre de chez L’Oréal et officier de réserve. Ce dernier n’est autre que le porte-parole des Republicans Overseas en France, et ce depuis 2020. En résumé, après les produits de beauté, c’est le discours trumpiste qu’il tente d’imposer dans l’Hexagone, avec un objectif clairement affiché : « Toucher un public basé en France ou qui com prend le français » et « réinformer la population française »1.

Petite moustache soignée, cravate ajustée, il ne lui manque que le chapeau de cowboy. Vous avez peut-être vu Nicolas Conquer chez CNews, BFM TV, RMC ou autres, car il est « l’invité chéri de télés sur Trump »2. Il faut dire qu’il a été formé à bonne école, à l’IFP – Institut de formation politique –, par un certain Éric Zemmour notamment. Cet institut qualifié « d’université du combat culturel » par un article de Valeurs Actuelles3, a « formé » Marion Maréchal, Charlotte d’Ornellas ou encore Arthur Perrier, chef de cabinet de Jordan Bardella. N’en jetez plus. Pas de doute, Nicolas Conquer connaît ses basiques. « Il déroule jusqu’à l’absurde les éléments de langage de Trump et de Bannon », dit de lui la politologue Nicole Bacharan4.

Sûr de sa force, il s’est présenté, affublé de son plus beau sourire, aux dernières législatives dans la 4ème circonscription de la Manche, à proximité de Cherbourg, sous l’étiquette LR-RN. Dans ce bastion historique du PS, s’il n’a pas été élu, il a tout de même récolté un peu plus de 40 % des suffrages. Un score plus flatteur que les 5 % obtenus aux législatives de 2022, alors qu’il s’était présenté dans la 5ème circonscription des Hauts-de-Seine, en tant que candidat suppléant sous la bannière d’ Éric Zemmour.

Par ailleurs, Nicolas Conquer ne cache pas son adhésion à la Fondation Jérôme Lejeune, connue pour être hostile à l’avortement et pour mettre des bâtons dans les roues de la recherche à grands renforts d’actions judiciaires5. Qu’importe, cette dernière défend de « nobles causes » aux dires de ce Trumpiste convaincu. Tellement convaincu qu’il s’est permis le 30 mai dernier sur BFM TV, suite à la condamnation de l’ex-président états-unien au teint orangé, de s’outrer face à un « simulacre de justice », arguant que le « vrai verdict [tomberait] le 5 novembre », date des prochaines élections présidentielles outre-Atlantique. Philippe Karsenty, représentant d’un groupe ami de celui de Nicolas Conquer, les Republicans in France, expliquait que « quand on véhicule les idées de Trump, on défend aussi certaines idées politiques en France à l’adresse du public français ». Des idées que l’on croyait hors d’âge, mais qui ont dû elles aussi bénéficier d’un bon anti-rides pour atteindre aussi facilement leurs cibles médiatiques, comme l’illustre l’élection du candidat républicain à la présidence des États-Unis.

Léah Cerb

Illustration : Vincent Couturier

Paru dans La Brèche n° 10 (décembre 2024-février 2025)

  1. « Dans les coulisses des réseaux français pro-Trump », Secrets d’info, France Inter, 12 octobre 2024 ↩︎
  2. « Nicolas Conquer : ex-candidat LR-RN et invité chéri des télés sur Trump », Arrêt sur images, 16 juillet 2024 ↩︎
  3. « L’IFP, université du combat culturel », Valeurs actuelles, 16 juillet 2024 ↩︎
  4. « Nicolas Conquer, candidat investi par Eric Ciotti et fervent supporter de Trump », StreetPress, 26 juin 2024 ↩︎
  5. « Comment la Fondation Jérôme Lejeune entrave la recherche française », Le Monde, 16 septembre 2024 ↩︎