La radio aussi se numérise : « La bande FM va mourir à petit feu »
Dans son Livre blanc de l’avenir de la radio, publié en juin, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a annoncé « préparer l’extinction de la FM ». Pourtant, le bilan tiré est bon. « Près de 40 millions d’auditeurs chaque jour et plus de 1 100 radios autorisées en FM dans l’Hexagone », le document met en avant « son offre foisonnante, y compris au niveau local, son audience nombreuse et fidèle sur l’ensemble du territoire ». Mais le numérique s’invite dans nos maisons, nos voitures… partout et il faut s’adapter. La bande FM n’y échappera pas.
Pour l’instant, seuls 24,5 % des Français disposent d’un récepteur numérique DAB+ – équivalent de la TNT de la télé pour nos radios. Alors l’Arcom veut avancer par étapes. La période de « préparation », à grands coups de « publicités ciblées », a pour objectif d’atteindre un taux d’équipement numérique de 70 % des foyers français d’ici 2033. Le temps de lancer le deuxième étage de la fusée : « 2028-2033, migration vers la radio tout numérique ». « À partir de 2033, il n’y aura plus d’obligation d’appel à candidatures pour réattribuer une fréquence laissée libre. La bande FM ne sera plus la porte-parole de la radio et va alors mourir à petit feu. Le déploiement se fera au profit du DAB+ », explique Jean-Marc Courrèges-Cenac, coprésident de la Confédération nationale des radios associatives.
La Norvège a déjà franchi le pas en 2017 et la Suisse se prépare pour fin 2024. « Ce sont deux paysages radiophoniques très différents, où l’on ne retrouve pas la même pluralité et des taux d’équipements bien différents », tempère-t-il. La France veut suivre ce chemin. La qualité d’écoute est un argument et le DAB+, s’avère plus performant que « l’écoute en direct sur Internet – réseau IP –, qui est une catastrophe écologique. Et avec l’adresse IP, l’anonymat n’est pas garanti. Je peux savoir qui écoute à la seconde près et même savoir où il habite. »
La bande FM est un symbole du média libre, pas seulement pour des raisons historiques : « La FM permet d’auto-diffuser car nous gérons notre émetteur dont le coût peut aller de 0 €, si la collectivité le prend en charge, à 3 000 € par an. Ce n’est pas le cas pour le DAB+, qui nécessite le passage chez un prestataire de service. » La période de transition risque de générer un fort tri. « Le DAB+ représente autour de 5 000 € supplémentaires par an. » Impossible pour beaucoup d’assumer le coût de la double diffusion. Une charge supplémentaire, après la coupe budgétaire annoncée de 10 millions d’euros du Fonds de soutien à l’expression radiophonique. Même si cette dernière devrait être abandonnée, « ce sont des attaques multipliées sur les radios les plus fragiles ».