Sarah Saldmann : people des talk-shows, pipeau du barreau

Inscrite au barreau de Paris en 2018, Sarah Saldmann s’est très vite fait un nom. Pas dans les salles d’audience mais sur les plateaux télé et les réseaux sociaux (2 620 posts sur X en 15 mois). Une affaire très médiatisée l’a fait connaître. En décembre 2021, elle a défendu un chauffeur de taxi qui a tué un cycliste et blessé 21 personnes à Paris au volant de sa Tesla. Sarah Saldmann a dénoncé une malfaçon du véhicule. Pas de bol, les rapports d’expertise publiés en 2024 ont confirmé que le chauffeur avait bien accéléré, allant jusqu’à 140 km/heure.

La perte de contrôle, c’est une spécialité de Sarah Saldmann. Au point que le conseil de l’Ordre des avocats lui a infligé un blâme en 2023 pour avoir donné de sa profession « une image violente, vulgaire ou cynique ». Elle, vulgaire et cynique ? Voici une sélection de ses déclarations, sur RMC et sur C8 : « Je me fous complètement de l’écologie […] je prends des bains deux fois par jour » ; « On a des personnes sous perfusion d’allocs qui sont vautrées dans leur canapé à bouffer des chips toute la journée » ; « Mes impôts n’ont pas à payer la médiocrité de ceux qui ne veulent rien foutre […] c’est quoi ces glandus, ces assistés, ces feignasses ? ».

Désormais chroniqueuse exclusive des médias Bolloré (« Pascal Praud et vous » sur Europe 1 et « Midi News » sur CNews), Sarah Saldmann soigne non seulement la forme de ses interventions mais aussi le fond. Sa ligne politique a le mérite de la clarté, tout comme la liste des personnalités qu’elle promeut à l’antenne : Bernard Arnault, Gérard Depardieu, Gérald Darmanin, Éric Zemmour… Sans oublier son mentor Cyril Hanouna ou encore Philippe de Villiers qu’elle verrait bien président : « Je pense qu’il n’y a que vous pour redresser le pays » (CNews, 3 décembre 2024). Sarah Saldmann a repris à son compte une proposition phare de l’extrême droite : la présomption de légitime défense pour les policiers. Soutien sans faille de Benyamin Netanyahou, elle a été interrogée le 29 novembre 2023 par une auditrice de RMC pour savoir si elle pouvait dire « je suis enfant de Gaza », comme on dit « je suis Charlie ». Sa réponse a fusé : « non ».

Il faut toutefois lui reconnaître deux circonstances atténuantes. D’une part, elle a fait un mea culpa à propos de ses déclarations contre les « assistés » dans le documentaire « Au boulot ! » de François Ruffin qui l’a emmenée occuper des postes d’ouvriers mal payés : « Je me suis dit : “J’ai déconné. Des personnes sont en train de galérer, elles écoutent RMC et elles m’entendent dire des conneries comme ça…”» (TV Mag, 7 novembre 2024). D’autre part, elle ne fait là que prolonger une tradition familiale. En effet, son père Frédéric Saldmann est lui aussi une star des plateaux télé et l’objet de vives critiques. Cardiologue connu pour sa clientèle de peoples et ses affirmations détonantes (« Trois semaines de vacances font perdre vingt ans de QI » ou encore « deux rapports sexuels hebdomadaires préviennent de la grippe »), il est accusé de charlatanisme par de nombreux médecins1. Selon le Canard Enchaîné du 10 juillet 2024, l’Ordre des médecins a entamé une procédure disciplinaire à son encontre. Telle fille, tel père.

Luc Chatel

Illustration : Vincent Couturier

Paru dans La Brèche n° 11 (mars-mai 2025)

  1. Lire sur www.arretsurimages.net : « Saldmann à “Quelle époque !” : du “Hanouna pour CSP+” » ↩︎